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Le Mystérieux Barometz : L’Agneau Végétal
Dans les terres lointaines et inexplorées de Scythie, là où les plaines sauvages s’étendent à perte de vue sous un ciel infini, une merveille naturelle à la fois mystérieuse et fascinante prospère en silence depuis des siècles. Il s’agit de l’Agnus Scythicus, plus connu sous les nom de Barometz, Agneau végétal, Agneau de Scythie, ou Agneau tartare.
Cette créature hybride, mi-plante mi-animal – ce qu’on appelle un zoophyte -, enchante l’imagination et intrigue les savants depuis de nombreux siècles. Au carrefour de deux règnes, le végétal et l’animal, le Barometz est décrit par nombre d’éminents naturalistes et aventuriers, qui ont rapporté de leurs voyages des récits captivants et troublants.
Description
Ancré dans la terre par un cordon ombilical végétal, le Barometz s’épanouit en prenant la forme d’un agneau, dont le corps laineux rappelle la douceur des prairies qui l’entourent. Ses racines velues, d’une blancheur éclatante, forment une enveloppe qui ressemble à la laine, tandis que ses pattes, sa tête et ses oreilles se dessinent avec une précision étonnante. Il ne lui manque que les cornes, remplacées par une touffe de poils légers et soyeux qui virevoltent au gré du vent des steppes. En son sein, un liquide rouge, semblable au sang, s’écoule lorsqu’on l’incise, comme si l’essence même de la vie végétale et animale se mêlait en un être unique.
Cet être merveilleux se nourrit des herbes qui l’entourent, sans jamais pouvoir se déplacer, vivant une existence tranquille tant que la verdure de son territoire n’est pas épuisée, auquel cas, il dépérit.
Mais une menace plane sur cette créature pacifique : les loups, seuls animaux carnassiers capables de dévorer l’agneau végétal, rodent dans les plaines, guettant le moment où ils pourront s’emparer de sa chair tendre. Ces prédateurs, qui trouvent dans le Barometz une proie idéale, le réduisent souvent en morceaux, achevant ainsi son cycle de vie naturel.
Témoignages
Les témoignages de cette merveille botanique ne manquent pas et traversent les siècles. En 1517, Sigismond von Herberstein, diplomate et historien autrichien, fut l’un des premiers à en faire mention dans ses Commentaires sur les affaires de Moscovie. Lors de ses voyages dans les steppes de Russie, il entendit parler de cette étrange créature que l’on disait enracinée dans la terre, immobile, mais semblable en tous points à un agneau.
« Il existe là-bas, dans ces terres reculées, une plante qui, de par sa forme et son apparence, pourrait être confondue avec un agneau »
rapporte-t-il, ajoutant que cette merveille était largement connue des peuples de la région.
Quelques décennies plus tard, en 1544, c’est le botaniste italien Jules-César Scaliger qui consigna à son tour la description détaillée du Barometz dans son œuvre Exercitationes exotericae. Scaliger, dont l’autorité en matière de botanique était incontestable, décrivit avec précision les caractéristiques de l’agneau végétal.
« Cet arbrisseau aurait parfaitement les pattes, les oreilles et la tête d’un agneau. Sa chair évoque celle de l’écrevisse de mer, et lorsqu’on l’incise, il en coule un liquide semblable à du sang. »
Le témoignage de Scaliger est l’un des plus frappants, car il donne à cette créature une présence palpable, presque tangible, dans les récits scientifiques de l’époque.
Giovanni Battista Della Porta, autre éminent érudit de la Renaissance, contribua à renforcer la légende du Barometz dans son ouvrage Magiae Naturalis publié en 1589. Della Porta, célèbre pour ses études sur les phénomènes naturels et surnaturels, raconte avec enthousiasme comment l’agneau végétal se défendait contre les assauts des prédateurs, avant de succomber aux crocs des loups.
« Le loup, dans son instinct, ne voit pas dans cette créature un végétal, mais un agneau, et c’est ainsi qu’il le dévore. »
Ses écrits laissent entrevoir un univers où la nature ne cesse de surprendre, brouillant les frontières entre les règnes animal et végétal.
Au XVIIe siècle, le célèbre jésuite et polymathe Athanasius Kircher, connu pour ses travaux sur les prodiges de la nature, s’intéressa lui aussi à l’Agnus Scythicus. Dans son ouvrage Mundus Subterraneus de 1641, il décrit cette créature fascinante comme un exemple de l’incroyable diversité des formes de vie que recèle notre monde.
« Ce prodige de la création nous montre les merveilles cachées de notre monde, où l’animal et la plante se confondent en une seule entité. »
Mais ce n’est pas seulement aux naturalistes et aventuriers que l’on doit les récits sur l’agneau végétal. Francis Bacon, le grand philosophe et scientifique anglais, fit lui aussi mention de cette créature dans ses réflexions sur la nature. Bien que certaines sources discutent de la véritable portée de ses écrits sur le Barometz, il n’en reste pas moins qu’il utilisa cet exemple pour illustrer les merveilles encore inconnues que recelait la création.
« Il existe des créatures que l’homme, dans son ignorance, ne comprend pas encore, telles que cet agneau végétal, dont on dit qu’il prospère en Scythie. «
Même les esprits les plus brillants de son époque étaient fascinés par ce mystère.
Les récits abondent et concordent. Le Barometz continue de captiver et d’intriguer, tant par son étrangeté que par l’élégance de sa nature hybride. Ses racines profondément ancrées dans la terre semblent également l’être dans l’imaginaire collectif des hommes, qui, au fil des siècles, ont transmis son existence à travers récits, manuscrits et témoignages.
Et vous, Voyageurs, avez-vous déjà vu, étudié ou entendu parler de ce fantastique zoophyte ?
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